Le 1er août 1914, contre l’Allemagne, la France mobilise près de 8 millions d’hommes, âgés de 20 à 48 ans, sur les 39 millions d’habitants que compte le pays.
Les chemins de fer vont jouer un rôle primordial durant la Première Guerre mondiale. Par le décret du 2 août 1914, ils relèvent « tout entier de l’Autorité militaire » avec des gares régulatrices, des gares de répartition et des stations-magasins dirigées par des militaires.
De 1914 à 1918, les chemins de fer ont transporté 1 604 067 tonnes de marchandises et évacué plus de 2 millions de blessés. S’ajoutent les milliers de convois militaires pour le front lors de la mobilisation générale et les renforts juste après. En quatre années de guerre, l’alimentation et l’entretien du soldat est passé de 8 à 12 kilos par jour, principalement transportés en chemin de fer.
Tout au long de la guerre, l’infanterie territoriale dont des gardes de voies et communication, les commis et ouvriers militaires d’administration, le régiment du 5e Génie, les sections des chemins de fer de campagne, des cheminots affectés à leur poste de travail, mais aussi des femmes et des travailleurs des colonies ou étrangers, vont œuvrer pour « le service des chemins de fer ». Britanniques et Américains vont aussi participer à l’organisation ferroviaire militaire des transports militaires.
Comme un symbole de l’importance du rail durant cette guerre, débutée en chemin de fer, la Grande Guerre se termine dans le wagon de Rethondes lors de l’armistice du 11 novembre 1918.
Entre 1914 et 1918, Jean Cailleau est sur le front. Son épouse, Pauline, l’attend à Denée en Anjou. Pendant tout ce temps, ils échangent plus de 1500 lettres !
Cet ouvrage est exceptionnel de par l’ampleur de l’échange épistolaire et ses témoignages rares des épreuves vécues par un couple angevin d’origine modeste que la guerre a séparé.
De la façon de gérer cette situation, de l’évolution de leur moral, de leur vision de la guerre, de la difficile éducation des enfants, de leur expérience de la violence, des épreuves matérielles – de leur vie quotidienne simplement – ils nous dévoilent tout ou presque de cette dure période qu’ils ont dû affronter… à l’unisson.
Louis Thareaut, petit-fils des Cailleau, et Alain Jacobzone, historien, nous démontrent ainsi dans ce livre à deux voix que la mémoire et l’Histoire – l’hommage filial et l’analyse critique – peuvent faire bon ménage !
Assurément, aussi, l’écriture de Genevoix participe de l’art hybride, en procédant d’une peinture mise en musique avec des mots. Une forme d’art intégral, pour lequel la plume de l’écrivain, le long de son geste lent et sur, semble tout autant vibrer de la baguette du chef d’orchestre et du pinceau du peintre. Mais ceci explique peu.
Dans sa préface accordée à Sous Verdun, première œuvre de l’écrivain, Ernest Lavisse, directeur de l’Ecole normale supérieure, écrivait : » son œil voit tout, son oreille entend tout. » C’était là, en revanche, dire à peu près l’essentiel sur Genevoix, homme de grande humilité, indemne de tout narcissisme, que la brillance intellectuelle n’avait pas écarté du monde sensible ; un être poreux, ouvert, formidablement attentif, qui aimait la vie chez les vivants, bien au-delà de la sienne.
On croit à une guerre rapidement victorieuse. Après les désillusions de l’été 1914, Angers s’installe peu à peu dans la perspective d’une guerre longue. Le sentiment du devoir patriotique, l’espoir sans cesse renouvelé d’une victoire militaire, la certitude de défendre le droit et la liberté font accepter les sacrifices humains et matériels : la liste des victimes s’allonge, le pain et le charbon se font rares et leur prix augmente. Mais si l’on excepte la courte dépression de l’été 1917, née de la conjonction des mauvaises nouvelles du front (échec sanglant de l’offensive Nivelle) et des problèmes de ravitaillement, le moral angevin se maintient, soutenu par une administration omniprésente et habile.
Il fallut aussi, nécessaire solidarité en général bien admise, accueillir à Angers des milliers de réfugiés, internés et soldats ; à cette occasion, les Angevins ont souvent fait, étonnés ou agacés, la découverte de la différence. Finalement, Angers offre pendant le conflit l’image d’une société stable, bien intégrée dans l’ensemble national, où la République a soigné et renforcé son image.
Habitant Liré (Maine-et-Loire), Charles Guilbault a déjà 37 ans lorsqu’il est mobilisé en août 1914. La guerre va l’entraîner dans un véritable tour de France : Anjou, Lorraine, Camargue (hospitalisation), Artois, Verdun, d’où il va écrire des dizaines de lettres à sa femme Pauline Huguet. Aujourd’hui son petit-fils lui répond… [i] » Alain Douillard, dans ses réponses, propose ainsi bien plus qu’un simple commentaire des lettres de son grand-père… C’est une méditation profonde et riche, une œuvre littéraire au sens plein du terme, le dialogue entre un combattant et un écrivain… Il faut saluer non pas seulement le procédé rhétorique, même s’il est hors du commun. Il faut également admirer le style d’Alain Douillard, la qualité de ses réflexions, la personnalité dont il fait preuve, et le talent qu’il montre… Celles et ceux que l’histoire passionne… trouveront dans ce texte un mélange particulièrement heureux du documentaire et du commentaire, l’association inattendue d’un témoin et d’un écrivain. »[/i] Hervé de Charette