Biographie
Nathalie ROTHKOFF a étudié à l’école des Beaux Arts de Paris.
Son travail de peintre propose un univers où l’utilisation de ...
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Nathalie ROTHKOFF a étudié à l’école des Beaux Arts de Paris.
Son travail de peintre propose un univers où l’utilisation de ...
Pour commencer, on s'amuse à feuilleter le dernier ouvrage de Philippe Gilbert Partir sans laisser d'adresse comme un carnet de bord. Sautant allègrement d'un continent à l'autre. De la verte Irlande - sous les tribunes houblonnées de Lansdowne Road -, à Yamoussoukro, au coeur de l'Afrique noire et de ses croyances millénaires, en passant par Anvers et Amsterdam, les belles du nord qui s'offrent à ceux qui ne l'ont pas perdu.
Invitation au voyage
Sous les mots, les images défilent. Même les sauts de puce nous font chausser les bottes de sept lieues.
Détaler dans les rues de Luçon ou enquêter dans les marais 'Oléron devient curieusement un parcours initiatique en des lieux pourtant familiers. Il est peut-être là, le tour de force signé Philippe Gilbert. En seize nouvelles, l'écrivain vendéen nous emmène par la main. On la prend volontiers, l'invitation est trop belle.
Et on ne la quittera qu'au bout de 137 pages. - Partir sans laisser d'adresse -, est une belle balade façonnée par celui qui se considère avant tout comme un voyageur -, élevé à l'université de la route.
Tout le monde devrait partir, un jour, sans un fil à la patte, explique d'ailleurs l'auteur, Journaliste à Ouest-France. Et vous savez, il n'y a pas de petits voyages. Mon pays, par exemple, la Vendée, je la regarde toujours comme un voyageur. L'exotisme peut se trouver là, au pas de la porte.
Du polar au sport
Mais ce goût de l'ailleurs serait bien fade sans la plume. Et Philippe Gilbert dégaine, ici, sa meilleure arme : une écriture vive, colorée, impertinente.
Un fleuret dans un combat de gourdin. Car ne vous y trompez-pas, Partir sans laisser d'adresse - n'est pas qu'une invitation au départ. Trop réducteur. - Ce recueil. c'est avant tout des histoires, que je voulais partager, glisse l'auteur. Et j'ai essayé de m'exercer sur les différents genres de la nouvelle. Certains relèvent du polar, d'autres parlent de sport, de chasse, de politique, de sorcellerie... Dans tout ça, il y a une part de vécu, de réalité, mais pas uniquement. Je dirais plutôt que c'est du mentir vrai..."
On touche, on voit
Pour ce nouvelliste convaincu - depuis des lectures de Dino Buzzati -, l'horizon se nourrit de rencontres. De celles qui font de belles histoires. Qu'elles soient anodines, furtives, douloureuses, ratées, charnelles ou déçues. Alors, l'auteur pointe son stylo, là où on aime le voir glisser et s'égarer. Au ventre ou au coeur, comme il vous plaira, mais une chose est sûre, la force du détail laisse du ressenti à chaque page écornée. On touche, on voit, on écoute, on renifle à tout va. Le recueil carbure plein pot à l'essence des sens. Un bien curieux voyage, décidément.
Freddy Reigno