Biographie
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Peu reconnus, bien qu'ils œuvrent au lien social communal, et mal payés (à la ligne, pas au feuillet), les localiers ont la vie rude. De son expérience à l'agence tulliste de "la Dépêche du Midi" dans les années 1970, Denis Tillinac tira son premier livre, au titre éloquent : "Spleen en Corrèze". Il y décrivait, dans la "mélopée de la durée provinciale", ses mornes journées, sa solitude, son exil intérieur, ses illusions perdues. Jean-Pierre Raison n'est pas moins amer, mais il est plus drôle. Correspondant à Nantes de "Presse-Océan", entre 1988 et 1991, il se souvient encore de l'ordre que lui asséna son rédac en chef : Pas de politique, pas de polémique". manque de pot, Raison était déraisonnable : fou de littérature, il aimait écrire, ferrailler, s'engager et voulait se faire un nom. Il n'avait donc pas le style de l'emploi. Il se rêvait Céline et Don Quichotte, on lui demandait de devenir un "acolyte anonyme" assujetti au syllogisme sujet-verbe-compliment? Pour rendre compte de l'ouverture d'un bar-billard, de la fête des châtaignes ou de l'arrivée d'une foreuse de tunnelier, il soignait, contre 900 francs mensuels, des papiers aussitôt mutilés où les coquilles ajoutaient aux mastics. "On ne fait pas de bonne littérature sans pressentiments", écrit-il à la veille d'être licencié. Avec "Le quotidien d'un O.S. du journalisme", il prend d'autant mieux sa revanche que le localier est devenu écrivain. Tendance chouanne.